Saint-Pierre de Beauvais
"Le vertige gothique, aux portes de l'impossible"

​Présentation générale

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La cathédrale Saint-Pierre de Beauvais incarne l’ambition démesurée de l’art gothique flamboyant français. Avec son chœur culminant à plus de 48 mètres de hauteur, elle détient encore aujourd’hui le record de la voûte gothique la plus haute jamais construite. Véritable défi architectural, elle est surnommée la "cathédrale inachevée" : malgré ses dimensions impressionnantes, elle n’a jamais été entièrement terminée. Mais ce qui existe est d’une beauté vertigineuse, mêlant grâce ornementale, audace structurelle et lumière céleste. C’est un rêve de pierre où le génie humain a frôlé les limites du possible.

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​​Dimensions et architecture

• Hauteur de la voûte du chœur : 48,5 mètres (record mondial pour une voûte gothique)

• Longueur actuelle : environ 72 mètres

• Largeur du transept : 60 mètres

• Hauteur totale : 67 mètres (jusqu’à 153 mètres à son apogée, avant effondrement de la flèche)

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La cathédrale actuelle devait remplacer une église carolingienne plus modeste. Elle suit le plan classique gothique : nef, transept, chœur, abside et déambulatoire. Cependant, l’ambition des bâtisseurs était de surpasser toutes les cathédrales contemporaines, en particulier Amiens et Chartres. Ils ont misé sur la verticalité, poussée ici à son paroxysme.

Le chœur gothique est d’une hardiesse unique : 48,5 mètres de haut sous voûte, soit 5 mètres de plus qu’Amiens. Les piliers sont élancés au maximum, les fenêtres hautes laissent pénétrer une lumière abondante. Le déambulatoire, orné de chapelles rayonnantes, révèle une dentelle de pierre d’une rare finesse. Le transept, ajouté au XVIe siècle, est dans un style gothique flamboyant avec de grandes rosaces et des pinacles sculptés. Mais la nef, élément essentiel d’une cathédrale, ne fut jamais construite. L’édifice se compose donc uniquement du chœur et du transept, ce qui donne à la cathédrale une allure incomplète mais fascinante.

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Histoire de la construction

• 1225 : L’évêque Milo de Nanteuil lance la construction d’un chœur d’une hauteur inédite.

• 1272 : Le chœur est achevé, mais s’effondre partiellement en 1284. La reconstruction prendra plusieurs décennies.

• 1500-1548 : Construction du transept dans un style flamboyant.

• 1569 : Une flèche monumentale en bois et plomb est édifiée, atteignant 153 m, soit 40 mètres de plus que Notre-Dame de Paris.

• 1573 : La flèche s’effondre, emportant une partie de l’édifice. L’ambition est revue à la baisse.

• 1600-1700 : Plusieurs projets de nef sont envisagés, mais jamais réalisés.

• 1835-1840 : Viollet-le-Duc intervient pour restaurer certaines parties du bâtiment.

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La cathédrale a toujours été victime de son ambition : trop haute, trop fine, trop audacieuse. Mais chaque reconstruction a redonné vie à son rêve inachevé.

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Éléments remarquables

• Le chœur gothique : achevé en 1272 il est l’un des plus audacieux du gothique européen. Sa voûte culminant à 48,5 mètres, portée par des piliers extrêmement élancés. Il comporte un double déambulatoire, avec sept chapelles rayonnantes. 

• Le transept flamboyant : Construit entre 1500 et 1548, dans un style gothique flamboyant, il est remarquable pour ses immenses baies à remplages rayonnants, ses rosaces sculptées, en particulier celles du bras sud , ses pinacles et balustrades ciselés, très caractéristiques de la fin du gothique français.

• Les vitraux : Certains datent du XIIIe siècle, notamment ceux du déambulatoire et du chœur. Le transept sud conserve des verrières du XVIe siècle, plus décoratives et narratives. Des vitraux modernes ont été ajoutés au XXe siècle dans les chapelles reconstruites. 

• L’horloge astronomique : Œuvre monumentale installée en 1865 par Auguste-Lucien Vérité, elle contient 90 000 pièces mécaniques. Elle affiche 52 cadrans, montre la position des planètes, les cycles liturgiques  et les éclipses. Chaque jour, des automates s’animent pour illustrer des scènes du Jugement dernier.

• Le maître-autel, bien que moderne, conserve un certain esprit gothique.

• Les chapelles du déambulatoire :

  • La chapelle Saint-Vincent : contient un retable baroque et des peintures murales restaurées.

  • La chapelle Saint-Pierre : abrite un tabernacle du XVIIIe siècle et des reliques.

  • La chapelle Sainte-Angadrême, aménagée au XIXe siècle. La scène principale représente Jeanne Hachette exhortant les Beauvaisiens à résister aux assauts des troupes de Charles le Téméraire en 1472. Derrière elle, des habitantes de la ville transportent la châsse de sainte Angadrême.  

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Anecdotes et faits insolites

• Un rêve vertical : Si la flèche de 153 m n’avait pas chuté, Beauvais aurait été, au XVIe siècle, l’édifice le plus haut du monde. Elle surpassait toutes les cathédrales, églises et bâtiments civils existants. Elle ne sera dépassée qu’au XIXe siècle par la cathédrale de Rouen (avec flèche néogothique en fonte).

• La cathédrale inachevée : Ce titre n’est pas une faiblesse, mais une fascination. L’absence de nef renforce l’impression de verticalité et donne au visiteur le sentiment d’entrer dans un sanctuaire suspendu entre ciel et terre. Le vide avant d’entrer accentue la surprise une fois dans le chœur.

• Un équilibre précaire : De nombreuses campagnes de consolidation ont été nécessaires pour empêcher l’effondrement du bâtiment. Des tirants métalliques ont été ajoutés, des arcs-boutants renforcés, des restaurations menées au fil des siècles.

• Un labyrinthe liturgique : Comme à Chartres, un labyrinthe était tracé au sol du chœur, disparu mais attesté, symbolisant le chemin spirituel du croyant.

• La lumière du nord : Les immenses verrières gothiques laissent entrer une lumière bleutée, presque irréelle, qui baigne l’édifice. Certaines verrières, notamment celles du XIIIe siècle, sont parmi les plus anciennes conservées en France.

• La flèche de 1573 : elle s’est effondrée le jour de l’Ascension, peu après la sortie de la messe, aucun mort, un miracle selon les fidèles.

• Viollet-le-Duc appelait Beauvais le “Parthénon de l’architecture française”.

• La Basse-Œuvre (vestige de la cathédrale carolingienne) et la Haute-Œuvre (cathédrale gothique) coexistent encore, un cas unique en France.

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​​La cathédrale aujourd’hui

Saint-Pierre de Beauvais est toujours un lieu de culte actif, mais aussi un monument historique visité par des centaines de milliers de visiteurs chaque année. Des concerts de musique sacrée y sont organisés, ainsi que des expositions mettant en valeur son patrimoine architectural et scientifique. Des travaux de consolidation sont régulièrement réalisés pour préserver la stabilité de l’édifice, toujours fragile. L’édifice est inscrit au titre des Monuments historiques depuis 1840.

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La cathédrale de Beauvais est un poème de pierre inachevé, un rêve gothique porté à son extrême. Elle nous parle de foi, de démesure, d’audace et de beauté fragile. Si elle n’a pas de nef, elle a une âme. Celle d’un peuple et de ses bâtisseurs, qui ont voulu toucher le ciel avec des arcs et des pinacles. C’est cette tension entre l’ambition et la gravité, entre l’élévation et la chute, qui fait de Beauvais un monument unique, inoubliable, et peut-être le plus humain de tous les chefs-d’œuvre gothiques.