
Saint-Guy de Prague
"Symbole du gothique tchèque, elle domine le château de Prague"
Présentation générale
Dominant fièrement la colline de Hradčany au cœur du château de Prague, la cathédrale Saint-Guy (Katedrála svatého Víta) est le monument religieux le plus important de la République tchèque. Chef-d'œuvre du gothique d’Europe centrale, elle incarne la continuité spirituelle, politique et culturelle de la nation tchèque depuis plus de mille ans. Édifiée sur les vestiges d’une rotonde romane du Xe siècle, la cathédrale actuelle résulte de plusieurs phases de construction s’échelonnant du XIVe au XXe siècle. Elle associe les élans du gothique rayonnant, les influences flamandes, et des touches néo-gothiques qui témoignent de la ténacité d’un peuple à compléter un rêve architectural inachevé. Saint-Guy est non seulement le principal lieu de culte catholique de Bohême, mais aussi le cadre de couronnements royaux, de sépultures de souverains, et de grands moments de l’histoire tchèque. Sa silhouette monumentale, son intérieur fastueux, et sa position dominante sur la ville en font un emblème indissociable de Prague.
Dimensions et architecture
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Longueur totale : environ 124 mètres
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Largeur : 60 mètres au niveau du transept
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Hauteur sous voûte : environ 33 mètres
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Hauteur de la tour sud : 96,5 mètres
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Style : Gothique rayonnant, gothique tardif, néo-gothique
La cathédrale adopte un plan en croix latine, avec trois nefs, un transept marqué, et un chevet profond entouré de chapelles rayonnantes. Son architecture évolutive se lit dans la diversité des arcs, des voûtes et des sculptures. La façade néo-gothique occidentale, terminée en 1929, couronne l’œuvre séculaire d’architectes aussi illustres que Matthias d’Arras, Peter Parler, ou Josef Mocker.
Histoire de la construction
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925 : Fondation de la première rotonde par le prince Venceslas.
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1060 : Construction d’une basilique romane.
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1344 : Début de la cathédrale gothique sous l'impulsion de Charles IV.
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1399 : Mort de Peter Parler, ralentissement des travaux.
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XVe–XVIe siècles : Continuation des travaux, chapelles et tours.
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XVIIe–XVIIIe siècles : Décorations baroques.
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1873–1929 : Reprise et achèvement dans le style néo-gothique.
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1929 : Consécration solennelle pour le millénaire de saint Venceslas.
Éléments remarquables
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Le portail principal de la façade néogothique de la cathédrale Saint-Guy à Prague, richement sculpté dans le style gothique flamboyant, présente des scènes bibliques et des figures de saints, encadré par des arcs en ogive finement ouvragés et des pinacles élancés qui accentuent la verticalité majestueuse de l’entrée.
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La chapelle Saint-Venceslas : Cœur spirituel de la cathédrale, elle abrite les reliques du saint patron de la Bohême. Ses murs sont décorés de pierres semi-précieuses et de fresques gothiques illustrant la Passion.
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Le tombeau de saint Jean Népomucène : Baroque et somptueux, en argent massif, il symbolise le culte national rendu au martyr tchèque.
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La rosace occidentale de la cathédrale Saint-Guy à Prague, conçue structurellement à la fin du XIXᵉ siècle, est ornée de vitraux colorés sur le thème de la Création réalisés par František Kysela entre 1925 et 1927.
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Le vitrail d'Alfons Mucha : Chef-d’œuvre de l’Art nouveau intégré dans le gothique, ce vitrail de 1931 témoigne du dialogue entre tradition et modernité.
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Le triforium : Galerie décorée de bustes des rois, des saints et des architectes ayant contribué à l'édifice.
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Le grand orgue : Instrument monumental, restauré récemment, il accompagne les grandes liturgies et concerts solennels.
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La tour sud : elle abrite la cloche Zikmund, la plus grande de Tchéquie (15 tonnes). Elle se distingue par son élégante silhouette gothique et son toit en cuivre vert emblématique. Elle offre des vues spectaculaires sur la ville.
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La crypte royale : située sous le chœur, elle abrite les tombeaux de Charles IV, Rodolphe II et Ferdinand Ier.
Restauration et conservation
Tout au long de son histoire, Saint-Guy a nécessité des interventions majeures : consolidations gothiques, ajouts baroques, achèvement néo-gothique, et restaurations postcommunistes. Aujourd’hui, le monument est entretenu par l’État et l’Église, avec une attention particulière portée aux vitraux, aux sculptures extérieures et à la stabilité structurelle.
Anecdotes et faits insolites
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Couronnes et sceptres : Le Trésor de la couronne de Bohême est conservé dans la cathédrale, dans une salle secrète, la salle des joyaux, fermée par sept clés détenues par sept hauts dignitaires tchèques. Elle ne peut être ouverte que si les sept détenteurs (dont le président, le cardinal, le maire de Prague…) sont réunis — un symbole fort de collégialité nationale.
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Lieu d’intronisation : Tous les rois de Bohême ont été couronnés ici, au pied de l’autel majeur.
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Mystique nationale : Le tombeau de saint Venceslas reste un lieu de pèlerinage majeur pour les Tchèques.
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Lieu d’histoire : Le président Masaryk y fut solennellement honoré en 1937. Vaclav Havel y a aussi reçu des funérailles nationales en 2011.
La cathédrale Saint-Guy de Prague est bien plus qu’un lieu de culte : c’est un sanctuaire national, un joyau de l’art gothique européen, et une mémoire de pierre profondément ancrée dans l’identité tchèque. Son histoire incarne les luttes, les rêves et les renaissances d’une nation, tandis que sa silhouette veille inlassablement sur la ville aux cent clochers. Véritable cœur battant de Prague, elle invite à la fois à la contemplation, à l’admiration et à la fidélité aux racines spirituelles de l’Europe centrale.
![]() La façade occidentale et ses deux tours jumelles | ![]() Saint-Guy domine la colline de Hradčany | ![]() Le portail principal (gothique flamboyant) |
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![]() La façade sud avec sa tour emblématique | ![]() La nef, élancée et lumineuse | ![]() Le vitrail d'Alfons Mucha |
![]() La rosace occidentale (XIXe et XXe siècle) |






