St-Gervais St-Protais de Soissons
"L'épure gothique dans sa première expression"

Présentation générale

 

Saint-Gervais-et-Saint-Protais de Soissons, située dans l’Aisne, en région Hauts-de-France, est une église remarquable par son histoire mouvementée et son architecture de transition entre roman et gothique. Moins célèbre que ses homologues de Reims ou Chartres, elle n’en reste pas moins un jalon essentiel de l’évolution stylistique des cathédrales françaises. Érigée sur les ruines d’édifices antérieurs, dont une première cathédrale mérovingienne, la cathédrale actuelle témoigne des bouleversements religieux, politiques et militaires qui ont marqué le nord de la France depuis le Moyen Âge.

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Dimensions et architecture

• Longueur totale : environ 116 mètres

• Largeur au transept : 27 mètres

• Hauteur sous voûte de la nef : 24 mètres

• Hauteur de la tour sud : 66 mètres

• Style : Transition roman-gothique, puis gothique classique et rayonnant

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L’architecture de la cathédrale de Soissons illustre une période charnière du développement du style gothique. La nef et la façade occidentale datent du début du XIIIe siècle et montrent une influence encore marquée par le roman, notamment dans la sobriété des formes et la massivité des piliers. Cependant, le chœur, reconstruit plus tardivement, révèle l’élan vertical et la lumière du gothique rayonnant. L’élément le plus emblématique de Soissons est sa tour sud, seule rescapée d’un projet initial de deux tours. Imposante, elle domine la ville et reste un repère visuel fort.

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Histoire de la construction

• 1176 : Début des travaux de reconstruction d’une cathédrale antérieure, probablement romane.

• Début XIIIe siècle : Édification de la nef et du transept. Première campagne gothique.

• Milieu XIIIe siècle : Construction du chœur dans le style gothique rayonnant.

• XIVe-XVe siècles : Compléments architecturaux, sculptures et chapelles latérales.

• 25 avril 1479 : Consécration par l’évêque Jean Milet.

• Révolution française : Saccages, perte d’une partie du mobilier liturgique et des sculptures.

• Première Guerre mondiale : Dommages importants dus aux bombardements.

• XXe siècle : Restauration progressive de l’édifice.

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Éléments remarquables

• La façade occidentale, gothique du XIIIᵉ siècle, est marquée par sa dissymétrie due à l’absence de la tour nord. Trois portails en arc brisé et une grande rosace centrale rythment l’ensemble. La tour sud de 66 m et les contreforts imposants assurent stabilité et verticalité. Elle représente l’un des rares vestiges médiévaux intacts après les guerres. Sa jumelle n’a jamais été construite, créant une asymétrie unique.

• La nef, construite entre 1212 et 1240, est composée de sept travées. Elle présente une élévation tripartite : grandes arcades, triforium et fenêtres hautes. Les voûtes d'ogives quadripartites, de plan barlongue, offrent une sensation de légèreté et de verticalité. L'absence de tribunes contribue à l'impression d'espace et de lumière

• Le chœur, vaste et lumineux est orné de vitraux, avec un déambulatoire et des chapelles rayonnantes.

• Les vitraux : Bien que de nombreux vitraux médiévaux aient été détruits, certains ont été restaurés ou recréés au XXe siècle, et apportent une touche contemporaine à l’ensemble.

• Les stalles : Le chœur conserve une série de stalles en bois sculpté du XVIIIe siècle.

• Le trésor : Bien que peu fourni, il abrite quelques reliquaires, objets liturgiques et manuscrits précieux.

• Le bras sud du transept : c’est la partie la plus ancienne de l’édifice, construite dès la fin du XIIe siècle, avec une élévation à quatre niveaux et non trois comme le reste de l’édifice.

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Restauration et conservation

Gravement endommagée durant la Première Guerre mondiale, la cathédrale de Soissons a fait l’objet d’une restauration minutieuse, notamment de sa charpente et de sa couverture. Les efforts de restauration se sont étalés sur plusieurs décennies, sous l’égide des Monuments Historiques. Des campagnes de nettoyage et de restauration des sculptures ont également été menées au XXIe siècle. ​

Anecdotes et faits insolites

• Des origines royales : Soissons fut l’une des premières capitales des Francs. Une cathédrale y existait dès l’époque mérovingienne. On dit que Clovis y aurait fondé une église après la fameuse "affaire du vase de Soissons".

• Une tour fantôme : La tour nord, prévue mais jamais construite, donne à la cathédrale une silhouette déséquilibrée, qui la distingue immédiatement des autres édifices gothiques.

• Un orgue résistant : L’orgue de la cathédrale a été démonté et caché pendant la Première Guerre mondiale, ce qui a permis de le préserver presque intact.

• Des fouilles révélatrices : Des fouilles sous la cathédrale ont permis de retrouver des fondations d’églises antérieures, témoins de la continuité du lieu de culte.

• Un symbole régional : Malgré les destructions, la cathédrale est restée un symbole de résilience pour les habitants de l’Aisne, notamment après les deux guerres mondiales.

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Moins imposante que Reims ou Chartres, la cathédrale de Soissons n’en est pas moins essentielle pour comprendre les débuts de l’art gothique. Sa beauté discrète, son histoire mouvementée, et son rôle dans la vie religieuse et politique de la région lui confèrent une valeur patrimoniale forte. Elle incarne l’esprit d’un territoire meurtri mais fier, et mérite pleinement sa place parmi les grandes cathédrales européennes. Sa tour solitaire, dressée contre le ciel, en est le plus éloquent symbole.