
Saint-Etienne de Bourges
"Un modèle de pureté du gothique capétien"
Présentation générale
La cathédrale Saint-Étienne de Bourges, située dans la région Centre-Val de Loire, est l’un des joyaux de l’architecture gothique française. Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1992, elle est réputée pour la pureté de ses lignes, l’harmonie de ses proportions et l’exceptionnelle qualité de ses vitraux. Construite à partir de la fin du XIIe siècle, elle ne possède pas de transept, une rareté pour une cathédrale gothique, ce qui renforce la fluidité de sa perspective intérieure. Elle incarne le génie architectural de l’époque capétienne et demeure un centre spirituel et culturel majeur.
Dimensions et architecture
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Longueur totale : 120 mètres
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Largeur au chœur : 41 mètres
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Hauteur sous voûte de la nef : 37 mètres
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Hauteur de la tour nord : 66 mètres
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Hauteur de la tour sud : 58 mètres
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Style : Gothique pur avec quelques éléments romans (dans la crypte notamment)
La cathédrale se distingue par son absence de transept et sa façade à cinq portails, chacun orné de tympans sculptés d’une qualité exceptionnelle. L'intérieur présente une structure à double déambulatoire, sans transept, une disposition qui accentue la profondeur de la nef et favorise la circulation des fidèles. Les voûtes d’ogives, les arcs-boutants massifs et les pinacles témoignent de la maîtrise technique des bâtisseurs. Les vitraux, datés pour la plupart du XIIIe siècle, sont parmi les mieux conservés de France. Le plan novateur de Bourges, avec ses doubles bas-côtés et son absence de transept, a influencé d’autres cathédrales, notamment Tolède, en Espagne.
Histoire de la construction
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1195 : Début de la construction sous l’archevêque Henri de Sully.
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Début XIIIe siècle : Achèvement du chœur, du déambulatoire et des chapelles rayonnantes.
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Milieu XIIIe siècle : Construction de la nef et élévation des portails.
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XIVe-XVe siècles : Poursuite des travaux, notamment la flèche, certaines voûtes et la tour sud.
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XIXe siècle : De grands travaux de restauration sont engagés.
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XXe siècle : Conservation et restauration des vitraux, modernisation de l’éclairage.
Éléments remarquables
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La façade occidentale : Composée de cinq portails monumentaux décorés de sculptures bibliques (Jugement dernier, scènes de la Genèse). La richesse ornementale est exceptionnelle, rivalisant avec celle de Chartres ou Reims.
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La nef, construite entre 1195 et 1214, se distingue par son élévation à cinq niveaux et l’absence de transept, illustrant une volonté d’unité spatiale typique du premier gothique français, avec des voûtes sexpartites reposant sur des piles alternées inspirées du modèle de Notre-Dame de Paris.
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Le chœur, achevé vers 1230, adopte un plan rayonnant à déambulatoire et chapelles, caractéristique du gothique classique, et conserve un ensemble de vitraux historiés du XIIIᵉ siècle d’une exceptionnelle qualité narrative et chromatique, témoignant de l’apogée de l’art verrier médiéval à Bourges.
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La tour nord : Effondrée en 1506 et reconstruite entre 1508 et 1542, avec des éléments Renaissance. Elle est surnommée “Tour de Beurre”, car financée par des indulgences permettant de manger du beurre pendant le carême.
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La tour sud : Appelée “Tour sourde”, car elle n’a jamais reçu de cloches, en raison de sa fragilité. Elle est renforcée par le fameux “pilier butant”.
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Les vitraux : Ils couvrent une surface de près de 800 m². La plupart datent du XIIIe siècle et présentent une richesse iconographique inégalée : scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament, figures de saints, corporations locales.
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La crypte : Située sous le chœur, elle abrite les vestiges d’un édifice antérieur et le tombeau de Jean de Berry. Son architecture romane tranche avec le gothique du reste du bâtiment.
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Les portails latéraux : Chaque portail est décoré de scènes particulières, comme la vie de la Vierge ou de Saint-Étienne, le saint patron de la cathédrale.
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La statuaire : Les statues-colonnes, les scènes sculptées des tympans et les chapiteaux historiés sont d’un niveau de raffinement remarquable.
Restauration et conservation
La cathédrale a fait l’objet de nombreux chantiers de restauration au cours des XIXe et XXe siècles. L’un des plus importants a suivi l’effondrement d’une partie de la tour sud en 1506, puis des travaux massifs ont été lancés au XIXe siècle pour stabiliser l’ensemble. Depuis 1992, en tant que monument classé par l’UNESCO, elle bénéficie d’un programme de conservation régulier, notamment axé sur les vitraux et la façade.
Anecdotes et faits insolites
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Jean de Berry : Le frère du roi Charles V, grand mécène des arts, repose dans la crypte. Il fit considérablement embellir la cathédrale à la fin du Moyen Âge.
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Symbole astronomique : Une ligne méridienne a été tracée sur le sol de la cathédrale, marquant le passage du soleil au zénith. Ce détail, typique de l'époque médiévale, servait à réguler le calendrier liturgique.
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Inspiration gothique : La cathédrale de Bourges a servi de modèle pour d'autres édifices, notamment la cathédrale de Tolède en Espagne.
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Une cathédrale “à flanc de colline” : Construite en dénivelé, la cathédrale repose partiellement sur une terrasse surélevée avec des fondations impressionnantes, ce qui a nécessité un système architectural complexe dès la crypte.
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Un pélican au sommet : Contrairement au traditionnel coq, Bourges est surmontée d’un pélican, symbole eucharistique, une rareté en France.
La cathédrale Saint-Étienne de Bourges est l’un des chefs-d’œuvre majeurs de l’architecture gothique en France. Par sa monumentalité, la pureté de ses lignes, et surtout par la richesse de ses vitraux et de sa statuaire, elle témoigne du génie artistique du Moyen Âge. Son plan original sans transept, la qualité de son iconographie biblique et son atmosphère lumineuse en font un lieu unique, aussi bien spirituellement que esthétiquement. Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, elle continue de fasciner historiens, architectes, croyants et visiteurs du monde entier. À la fois monument religieux, œuvre d’art totale et symbole de l'identité de la ville de Bourges, cette cathédrale reste une sentinelle du sacré et du savoir-faire des bâtisseurs de cathédrales.
![]() La façade ouest et ses cinq portails monumentaux | ![]() Un plan basilical, une rareté pour une cathédrale gothique | ![]() Elan vertical et unité spatiale avec l'absence de transept |
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![]() Porte de la sacristie surmontée d’une voûte peinte ornée d’un soleil | ![]() Une élévation exceptionnelle à cinq niveaux | ![]() Le portail principal et ses sculptures bibliques |
![]() Chevet gothique rayonnant à double déambulatoire |






