
Saint-Etienne d'Auxerre
"Un trésor du gothique rayonnant bourguignon"
Présentation générale
La cathédrale Saint-Étienne d’Auxerre, monument majeur de la Bourgogne, est un chef-d’œuvre de l’art gothique, érigé sur des fondations bien plus anciennes. Si son extérieur peut sembler sobre comparé à d'autres cathédrales, son intérieur révèle une architecture lumineuse et raffinée. Elle se distingue notamment par sa crypte carolingienne, ses vitraux médiévaux d’une qualité exceptionnelle, et la richesse de ses sculptures. Véritable témoin de l’histoire religieuse française, elle fut aussi un important centre de pèlerinage et d’enseignement au Moyen Âge.
Dimensions et architecture
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Longueur totale : environ 100 mètres
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Largeur au transept : env. 35 mètres
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Hauteur sous voûte de la nef : 24 mètres
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Hauteur de la tour : 68 mètres (inachevée)
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Style : gothique rayonnant, intégrant des vestiges romans et un fond carolingien unique
La cathédrale d’Auxerre est construite selon un plan en croix latine. La façade occidentale, bien que partiellement achevée, offre un portail sculpté très riche. L’unique tour, au nord, reste incomplète, donnant au bâtiment un aspect asymétrique. L’intérieur, d’un gothique épuré, est illuminé par des vitraux exceptionnels et se distingue par un triforium très travaillé, ainsi que par des voûtes élancées.
Histoire de la construction
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VIe siècle : Fondation d’une église primitive dédiée à saint Étienne.
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XIe siècle : Édification d’une cathédrale romane sur l’emplacement actuel ; la crypte date de cette époque.
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1215 : Début des travaux de la cathédrale gothique sous l’évêque Guillaume de Seignelay.
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XIIIe siècle : Construction du chœur, du transept, puis de la nef ; les vitraux sont réalisés en parallèle.
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XIVe–XVe siècles : Élévation de la façade occidentale et début des tours. Seule celle du nord est partiellement achevée.
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XIXe–XXe siècles : Restaurations successives, notamment de la crypte, des sculptures et des vitraux.
Éléments remarquables
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La façade occidentale, de style gothique rayonnant, se distingue par sa composition asymétrique dominée par une seule tour élancée. L’absence de tour jumelle accentue la verticalité de l’édifice, renforçant l’effet monumental de la façade tout en révélant les phases inachevées de son chantier médiéval.
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La nef impressionne par sa hauteur et sa sobriété gothique, construite entre le XIVᵉ et le XVe siècle. Le chœur, plus ancien, s’élève avec élégance dans le style gothique du XIIIᵉ siècle, baigné de lumière grâce à ses vitraux remarquables. Ensemble, ils forment une harmonie architecturale entre verticalité et spiritualité. Ce contraste reflète l’évolution du goût et des techniques au fil des siècles.
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La crypte carolingienne : C’est l’un des plus anciens éléments de la cathédrale, avec des fresques du IXe siècle représentant des scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament.
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Les vitraux médiévaux : Datant des XIIIe et XIVe siècles, ils sont d’une exceptionnelle qualité iconographique et chromatique. Le vitrail de saint Étienne est particulièrement remarquable.
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Le portail central : il est décoré de sculptures d’une grande finesse, illustrant le Jugement dernier et des épisodes de la vie du Christ.
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Les chapiteaux romans : Témoins de l’ancienne cathédrale, certains chapiteaux à motifs végétaux ou animaux sont réemployés dans la crypte et les galeries basses, témoins du remploi liturgique de l’ancienne cathédrale romane.
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Le mobilier liturgique : Le chœur conserve des stalles du XVIIIe siècle, et une chaire en bois sculpté remarquable.
Restauration et conservation
La cathédrale a fait l’objet de nombreux travaux de restauration depuis le XIXe siècle. Des interventions majeures ont permis de renforcer la structure, restaurer les vitraux et nettoyer les sculptures de façade. La crypte a été étudiée en profondeur par les archéologues et restaurée avec le plus grand soin, étant considérée comme un joyau de l’art religieux carolingien.
Anecdotes et faits insolites
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Une tour inachevée : La cathédrale devait avoir deux tours, mais seule celle du nord fut commencée. Par manque de fonds et à cause de troubles politiques, la seconde ne vit jamais le jour.
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Le savoir auxerrois : Auxerre fut un centre d’enseignement chrétien majeur au Moyen Âge, autour de la cathédrale et de son évêché.
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Un trésor caché : Le trésor de la cathédrale renferme des pièces rares, notamment un calice du XIIe siècle et des reliquaires précieux.
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Un pont visuel sur l’Yonne : De la terrasse située près de la cathédrale, on peut admirer un panorama sur la vieille ville, les toits bourguignons et la rivière Yonne.
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Lieu de musique : Des concerts de musique sacrée et baroque sont régulièrement organisés, profitant de l’acoustique exceptionnelle du lieu.
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En 1793, la cathédrale fut brièvement déchristianisée pendant la Révolution, avant d’être rendue au culte en 1795. Cela illustre bien les soubresauts de son histoire.
La cathédrale Saint-Étienne d’Auxerre est un trésor discret du patrimoine gothique français. Derrière sa façade inachevée, elle dévoile un univers de lumière, d’art et de mysticisme qui témoigne de l’importance historique et spirituelle de la ville. Un lieu à la fois paisible et profondément inspirant.
![]() La façade occidentale et ses trois portails sculptés | ![]() Voûte quadripartite sur croisées d’ogives, portée par des piliers fasciculés. | ![]() Un pont visuel sur l'Yonne |
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![]() La nef (XIVe siècle) et le choeur (XIIIe siècle) | ![]() Un plan en croix latine avec transept marqué | ![]() Portail du transept nord (gothique flamboyant) |