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Sainte-Marie de Tolède
"La cathédrale primatiale d'Espagne entre gothique et Reconquista"

​Présentation générale

 

​La cathédrale Sainte-Marie de Tolède (Catedral Primada Santa María de Toledo), siège primatial d’Espagne, est l’édifice catholique le plus prestigieux du pays sur le plan symbolique. Chef-d’œuvre du gothique espagnol, enrichi d’apports mudéjars, renaissants et baroques, elle domine le cœur de la Castille historique et incarna pendant des siècles le centre spirituel de l’Espagne chrétienne après la Reconquête.

Dimensions et architecture

  • Longueur : 120 mètres

  • Largeur du transept : 59 mètres

  • Hauteur sous voûte : 44 mètres

  • Tour principale : 92 mètres

Inspirée des grands modèles gothiques français, comme Notre-Dame de Paris et la cathédrale de Bourges, la cathédrale de Tolède en développe une interprétation hispanique, plus monumentale et somptueusement ornée. Elle se caractérise par ses 88 piliers, ses cinq nefs de même hauteur, son double déambulatoire et son chœur encadré de chapelles rayonnantes. Parmi ses singularités figurent un cloître élégant, une sacristie-musée, une tour asymétrique et un décor d’une richesse foisonnante, emblématique de l’art espagnol..

Histoire de la construction

  • 1088 : À Tolède, après la Reconquête (1085), la grande mosquée est convertie en cathédrale provisoire.

  • 1226 : Le roi Ferdinand III et l’archevêque Rodrigo Jiménez de Rada lancent la construction de la nouvelle cathédrale gothique. 

  • 1493 : Fermeture de la voûte de la nef principale, marquant symboliquement la fin du chantier gothique. 

  • 1497–1504 : Réalisation du grand retable de la chapelle principale, chef-d’œuvre de la sculpture gothique espagnole, commandé par le cardinal Cisneros. 

  • XVIe–XVIIe siècles : Ajouts de style Renaissance (sacristie) et baroque (dôme du chœur). 

  • 1729–1732 : Construction du spectaculaire Transparente baroque par Narciso Tomé, percé dans la voûte du déambulatoire. 

  • 1800 : Ajout de la Puerta Llana, une porte latérale plus accessible, destinée aux processions et aux personnes âgées.

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La durée exceptionnelle du chantier (plus de deux siècles) reflète les changements stylistiques et les ambitions politiques de la Castille.

Éléments remarquables

  • Le chœur : Enclos de stalles richement sculptées, avec scènes de la Reconquista, c'est un chef-d’œuvre du gothique flamboyant espagnol.

  • Le clocher, chef-d’œuvre du gothique flamboyant, s’élève majestueusement à près de 92 mètres, dominant la ville de ses pinacles et gargouilles finement sculptés. Construit au XIVe siècle, il abrite un ensemble de cloches anciennes qui rythment la vie religieuse et civile, incarnant à la fois la puissance spirituelle de la cathédrale et son rôle central dans le paysage urbain de Tolède.

  • La nef centrale, de style gothique castillan, s’étend sur 120 mètres de long et 30 mètres de haut, structurée par cinq vaisseaux séparés par 88 piliers fasciculés. Les voûtes en ogive reposent sur des arcs brisés, assurant une répartition optimale des charges verticales vers les contreforts extérieurs. 

  • Le «Transparente», chef-d’œuvre baroque conçu au XVIIIᵉ siècle par Narciso Tomé, est un monument de marbre, bronze et stuc, intégrant une ouverture dans la voûte et des percements latéraux afin de faire jaillir une lumière spectaculaire et presque céleste sur le tabernacle, cœur de la foi eucharistique ; il se situe dans le déambulatoire de la cathédrale.

  • La salle capitulaire est un joyau de la Renaissance espagnole, commandée par le cardinal Cisneros au XVIᵉ siècle. Elle se distingue par son plafond mudéjar doré, ses fresques de Juan de Borgoña et sa galerie de portraits d’archevêques. C’est là que le chapitre se réunissait pour débattre des affaires ecclésiastiques majeures.

  • Le retable : Placé derrière l'autel principal, il s'agit d'une œuvre majestueuse du gothique flamboyant, datant de la fin du XVe et du début du XVIe siècle. Il est composé de plusieurs panneaux sculptés en bois polychrome et doré, chacun dépeignant avec une richesse de détails des scènes marquantes de la vie du Christ et de la Vierge Marie, servant de somptueux décor et de support narratif aux célébrations liturgiques de la cathédrale.

  • La sacristie : Transformée en musée, elle abrite des œuvres de Goya, Velázquez, Le Greco (Le déshabillage du Christ) et Rubens.

  • La chapelle Mozarabe, fondée en 1504 par le cardinal Cisneros, perpétue les anciens rites chrétiens d’origine hispano-wisigothique, toujours célébrés aujourd’hui.

  • Les vitraux de la cathédrale, bien que souvent éclipsés par la sculpture, présentent une série remarquable de verrières du XVe siècle représentant des scènes bibliques dans un style narratif très coloré. Ils forment l’un des ensembles les plus importants de vitraux médiévaux d’origine en Europe.

  • La pierre blanche de Tolède : L’édifice est construit en grande partie avec de la pierre blanche calcaire locale, qui accentue la lumière intérieure et la lisibilité des détails sculptés.

Restauration et conservation

Au XIXe siècle, une importante campagne de restauration, dirigée par Narciso Pascual Colomer, visait à restaurer l’unité gothique en supprimant certains ajouts baroques. Aujourd’hui, la cathédrale est en excellent état, avec un entretien constant de ses peintures, sculptures et vitraux.

Anecdotes et faits insolites

  • Primatie : Elle est l’église primatiale d’Espagne, supérieure même à la cathédrale de Séville en dignité.

  • Le Greco : L’artiste a vécu à Tolède et a réalisé plusieurs œuvres majeures pour la cathédrale.

  • Deux tours prévues : Une seule fut construite (la tour nord), la seconde, inachevée a été surmontée d’un dôme baroque par Jorge Manuel Theotocópuli, fils du Greco.

  • ​Le corporal du miracle de Bolsena, une nappe d’autel tachée de sang, est à l’origine même de la construction de la cathédrale. Ce linge est conservé dans un reliquaire monumental, la Custodia de Arfe, réalisée en or… provenant du premier butin ramené des Amériques.

  • La Campana Gorda, une cloche géante, installée dans la tour nord en 1753, pèse plus de 18 tonnes. Lors de sa première sonnerie, le son fut si puissant qu’elle se fêla immédiatement. Elle n’a jamais été remplacée, mais reste visible dans la tour. 

  • Une horloge à une seule aiguille : La Puerta del Reloj, au nord, est surmontée d’une horloge à une seule aiguille, rare en Espagne. Elle servait à rythmer les offices et les prières des chanoines.

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Spiritualité et vie religieuse

Encore très active, la cathédrale de Tolède est un centre majeur de pèlerinage, notamment lors de la Semaine Sainte. Elle accueille aussi des célébrations pour les grandes fêtes de la liturgie espagnole, souvent accompagnées de musique sacrée. L’orgue monumental, installé au XVIe siècle et restauré au XIXe, accompagne encore les grandes cérémonies avec son timbre puissant et typiquement ibérique.

La cathédrale de Tolède incarne la grandeur d’une Espagne gothique imprégnée d’influences plurielles, où la pierre raconte à la fois la foi chrétienne, la mémoire musulmane, et l’essor artistique de toute une époque. Entre verticalité gothique et ornementation baroque, elle témoigne d’une histoire complexe, traversée de conquêtes, de réformes et de renaissances. Monument de pouvoir autant que de spiritualité, elle garde aujourd’hui son statut de phare culturel et religieux au cœur de la Castille. 

La façade ouest et son clocher flamboyant

La façade ouest et son clocher flamboyant

Un plan en croix latine avec cinq nefs

Un plan en croix latine avec cinq nefs

Le "Puerta de los Reyes" du XVe siècle

Le "Puerta de los Reyes" du XVe siècle

La salle capitulaire (début XVIe siècle)

La salle capitulaire (début XVIe siècle)

Le retable, gothique flamboyant (XVe siècle)

Le retable, gothique flamboyant (XVe siècle)

L'orgue de l’Épître (XVIIIe siècle)

L'orgue de l’Épître (XVIIIe siècle)

La nef et le jubé de type plateresque

La nef et le jubé de type plateresque

La sacristie et ses chefs-d'oeuvre

La sacristie et ses chefs-d'oeuvre

Le "Transparente" de Narciso Tomé

Le "Transparente" de Narciso Tomé

Croisée du transept : voûtes d’ogives sexpartites, arcs brisés et vitraux polychromes

Croisée du transept : voûtes d’ogives sexpartites, arcs brisés et vitraux polychromes

Les Plus belles Cathédrales Gothiques
© Les Plus Belles Cathédrales Gothiques

 

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