
Saint-Adalbert de Gniezno
"Le berceau du christianisme polonais"
Présentation générale
Perchée au cœur de l’ancienne capitale polonaise, la cathédrale Saint-Adalbert de Gniezno est bien plus qu’un simple édifice religieux : elle est le berceau spirituel de la nation polonaise. Témoin des origines du christianisme en Pologne dès le Xe siècle, elle incarne à la fois le souvenir des premiers souverains, la puissance de l’archevêché métropolitain, et le rôle diplomatique majeur du pays au sein de l’Europe médiévale. Derrière ses imposantes tours en brique gothique se cache une stratification historique unique, mêlant style roman, gothique et baroque, reflet des siècles de foi, de conquêtes et de reconstructions. Sa silhouette austère mais majestueuse domine Gniezno, ville sacrée où fut couronné le premier roi de Pologne en l’an 1025, et où repose le corps du saint patron de la nation : Adalbert de Prague. Lieu de pèlerinage, de mémoire royale et de continuité ecclésiastique, la cathédrale demeure aujourd’hui un symbole vivant de l’identité polonaise, réunissant dans sa pierre à la fois l’histoire, la foi et la culture d’un peuple.
Dimensions et architecture
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Longueur : environ 85 mètres
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Largeur : 22 mètres
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Hauteur des tours : environ 60 mètres
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Plan : basilical à trois nefs et chevet à déambulatoire
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Style dominant : gothique avec éléments romans et baroques
La cathédrale actuelle est de style gothique en brique (style gothique de brique d’Europe du Nord), marquée par des lignes sobres, une structure massive et deux tours carrées flanquant la façade. L’intérieur conserve plusieurs couches historiques allant du roman au baroque, intégrées harmonieusement.
Histoire de la construction
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Xe siècle : Fondation de la première cathédrale, probablement en pierre, à l'initiative du duc Mieszko Ier.
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1000 : Création de l’archevêché de Gniezno lors du célèbre Congrès impérial avec Otton III qui offrit une relique de saint Adalbert à Boleslas Ier, renforçant l’autonomie ecclésiastique polonaise.
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1025 : Couronnement de Boleslas Ier le Vaillant dans la cathédrale.
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XIIe siècle : Reconstruction en style roman après des destructions.
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XIVe siècle : Refonte complète en gothique sous l’archevêque Jarosław Bogoria Skotnicki.
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XVIIIe siècle : Ajouts baroques, notamment dans le mobilier et les chapelles latérales.
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1945 : Incendiée par les nazis, puis restaurée après la guerre.
Éléments remarquables
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Érigées à partir de 1342 dans un style gothique, les tours de la cathédrale de Gniezno ont été reconstruites après l’incendie de 1760 et couronnées de coupoles baroques conçues par Ephraim Schröger. En briques rouges, elles s’élèvent fièrement avec leurs horloges et toits cuivrés, mêlant austérité médiévale et élégance du XVIIIe siècle.
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Les Portes de Gniezno (vers 1175) : chefs-d’œuvre en bronze de la sculpture romane européenne, elles illustrent la vie de Saint Adalbert en 18 scènes gravées avec finesse.
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Le tombeau de saint Adalbert : Situé dans le chœur gothique, ce cercueil en argent pur réalisé en 1662 est l’un des sanctuaires les plus vénérés du catholicisme polonais. Il abrite les reliques du premier martyr chrétien de Pologne, dont le culte remonte à l’an mil et fut célébré par l’empereur Otton III lors de sa visite historique à Gniezno
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La crypte : Recèle les vestiges des premiers souverains polonais et des archevêques de Gniezno. Elle contient aussi les restes de Dąbrówka, épouse de Mieszko Ier.
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Les fresques et vitraux : Récemment restaurés, ils mêlent art médiéval et interventions modernes.
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Le chevet, de style gothique avec des éléments baroques, présente une abside polygonale flanquée de chapelles rayonnantes, surmontée de hautes fenêtres ogivales qui baignent le sanctuaire d’une lumière douce et solennelle.
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La cloche “Bogumił” : Installée dans l’une des tours, cette cloche monumentale est dédiée à Bogumił Piotr, archevêque de Gniezno au XIIe siècle, béatifié en 1925. Elle est l’une des plus anciennes cloches liturgiques de Pologne encore en usage.
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Le cénotaphe de Boleslas Ier le Vaillant : Une statue de Boleslas Ier, premier roi couronné de Pologne, se dresse devant la cathédrale. À l’intérieur, un cénotaphe symbolique lui rend hommage, bien que son lieu d’inhumation exact reste incertain.
Restauration et conservation
Après les destructions de la Seconde Guerre mondiale, la cathédrale fut reconstruite dans le respect de sa forme gothique médiévale, notamment grâce à des archives iconographiques. Des campagnes de consolidation récentes ont permis de renforcer la charpente, stabiliser les fondations et rénover les sculptures endommagées.
Anecdotes et faits insolites
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En 1000, l’empereur Otton III visita le tombeau de saint Adalbert et créa l’archevêché de Gniezno pour donner à la Pologne une autonomie religieuse face au Saint-Empire.
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Karol Wojtyła (le futur Jean-Paul II) visita la cathédrale plusieurs fois et évoquait souvent Gniezno comme le « cœur battant de la chrétienté slave ».
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Le nom Gniezno vient du mot gniazdo (nid), en référence à la légende du prince Lech qui aurait vu un aigle blanc y faire son nid — d’où l’origine de l’emblème national polonais.
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Dans la crypte, une inscription latine mystérieuse — OSSA TRIUM REGUM POLONIAE — évoque les “os de trois rois de Pologne”. Elle alimente les débats historiques sur les sépultures royales conservées dans la cathédrale.
La cathédrale de Gniezno est bien plus qu’un monument gothique : elle incarne un socle fondateur de l’identité religieuse et nationale polonaise. Son architecture, son histoire millénaire et son patrimoine liturgique en font un joyau du christianisme d’Europe centrale et une référence incontournable dans le paysage gothique européen.
![]() Les tours baroques reconstruites au XVIIIe siècle | ![]() Un plan basilical à trois nefs sans transept | ![]() Le tombeau de Saint-Adalbert dans le choeur |
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![]() Les Portes de Gniezno, chefs-d'oeuvre en bronze du XIIe siècle | ![]() La statue de Boleslas 1er | ![]() Une abside polygonale couronne le chevet |