Saint-André de Bordeaux
“Chef-d’œuvre du gothique méridional aux accents rayonnants et flamboyants.”

Présentation générale

Située au cœur historique de Bordeaux, la cathédrale Saint-André domine la ville par son imposante silhouette et son histoire millénaire. Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO au titre des “Chemins de Saint-Jacques de Compostelle en France”, elle est l’un des plus remarquables édifices gothiques du Sud-Ouest. Édifiée principalement entre le XIIe et le XVIe siècle, elle présente une fascinante combinaison de gothique primitif, rayonnant et flamboyant. Loin des verticalités du gothique du Nord, Saint-André se distingue par ses volumes allongés, ses lignes épurées et ses façades finement sculptées. Elle est indissociable du clocher isolé de la tour Pey-Berland, qui offre un panorama unique sur Bordeaux et la Garonne.

​

Dimensions et architecture

• Longueur totale : environ 141 mètres

• Longueur intérieure : 124 mètres

• Largeur au transept : 44 mètres

• Hauteur sous voûte de la nef : 23 mètres

• Hauteur des tours de la façade nord : 81 mètres

• Hauteur du clocher : 66 mètres

• Style : Gothique méridional, rayonnant et flamboyant

​​

Saint-André adopte un plan en croix latine avec nef à trois vaisseaux, transept saillant et chœur profond entouré d’un déambulatoire. Sa façade nord est la plus richement décorée, tandis que la façade occidentale est encadrée de deux hautes tours inachevées à leur sommet. L’intérieur se caractérise par une nef relativement basse comparée aux grandes cathédrales du Nord, mais d’une grande ampleur horizontale, renforcée par de puissants piliers et des voûtes d’ogives élancées.

​

Histoire de la construction

• Ve siècle : Première église romane construite sur le site.

• 1096 : Consécration par le pape Urbain II lors de son passage à Bordeaux.

• XIIe siècle : Début des premières constructions gothiques.

• XIIIe–XIVe siècles : Édification de la nef et du chœur dans le style gothique méridional.

• XVe siècle : Construction de la façade nord et de la tour Pey-Berland (1440-1500).

• XVIIIe–XIXe siècles : Restaurations importantes, notamment par Paul Abadie.

• 1998 : Inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO.

​

Éléments remarquables

• Le portail Royal (façade nord) : Chef-d’œuvre du gothique rayonnant, orné de scènes du Jugement dernier et de figures d’apôtres.

• La tour Pey-Berland : Clocher indépendant érigé pour abriter de lourdes cloches sans fragiliser la structure de la cathédrale. Son sommet offre une vue panoramique sur Bordeaux.

• La rosace nord : Vitrail flamboyant aux couleurs chatoyantes, illuminant la nef, restaurée au XXe siècle.

• La nef s’élève sur trois niveaux avec voûtes en ogive, arcatures et triforium, renforcée par des arcs-boutants et éclairée par de vastes vitraux, formant un vaisseau central harmonieux menant au chœur.

• Les tours de la façade nord : Deux tours jumelles coiffées de hautes flèches ajourées en style flamboyant, atteignant environ 81 m, donnent à la façade une silhouette élancée et spectaculaire.

• Les deux tours du transept : De style rayonnant, élevées vers 1380, elles encadrent le bras nord et sud du transept. Elles sont plus basses (50m), élancées et décorées que les tours occidentales. Elles marquent la transition entre la nef et le chœur.

• Le chœur et le déambulatoire : Ornés de chapelles rayonnantes et de vitraux du XIXe siècle.

• Le grand orgue est un instrument du XVIIIe siècle, construit par Dom Bedos de Celles en 1748, puis agrandi au XIXe siècle.

• Les sculptures : Détails remarquables sur les chapiteaux et les portails, mêlant scènes bibliques et motifs végétaux.

Restauration et conservation

Après la Révolution, la cathédrale subit des destructions, notamment de ses vitraux médiévaux. Des campagnes de restauration au XIXe siècle ont redonné à l’édifice sa cohérence architecturale. Depuis les années 2000, plusieurs travaux ont permis de consolider les tours, restaurer les façades et mettre en valeur l’éclairage intérieur.

​

Anecdotes et faits historiques

• Un mariage royal (1615) : c’est ici qu’a été célébré le mariage de Louis XIII avec l’infante d’Espagne Anne d’Autriche, un événement diplomatique majeur entre la France et l’Espagne.

• Un clocher indépendant par prudence : La tour Pey-Berland fut construite à l’écart pour éviter que le poids des cloches ne fragilise la cathédrale.

• Un chantier sur sol instable : construite sur des terrains sablonneux, la cathédrale a nécessité d’énormes arcs-boutants, notamment le fameux contrefort de Gramont (XVIᵉ siècle), richement décoré.

• Des orgues voyageurs : L’orgue principal a été démonté et restauré plusieurs fois au fil des siècles, et certaines de ses pièces ont voyagé dans d’autres églises bordelaises.

• Sur le chemin de Compostelle : Saint-André est une étape importante pour les pèlerins venant du nord de l’Europe.

• Le 12 juin 1992, la reine Élisabeth II d'Angleterre et son époux, le duc d’Édimbourg, sont accueillis par Mgr Eyt, archevêque de Bordeaux, et Jacques Chaban-Delmas, maire de la ville.

• Le 24 juillet 1305 : Bertrand de Got l'archevêque de Bordeaux fait lire solennellement le décret de son élection comme Pape et prend le nom de Clément V.

• ​Victor Hugo, de passage en 1843, décrit la cathédrale comme « un vaisseau enseveli dans les maisons » à cause des constructions accolées aux murs.

​

La cathédrale Saint-André de Bordeaux incarne la force et l’élégance du gothique méridional, tout en portant l’empreinte des grands événements de l’histoire de France. Avec son clocher indépendant, ses portails sculptés et son rôle dans l’histoire royale, elle reste l’un des monuments les plus emblématiques du Sud-Ouest.