
Notre-Dame de Strasbourg
"La flèche de pierre qui tutoie les cieux"
Présentation générale
La cathédrale Notre-Dame de Strasbourg est l’un des chefs-d’œuvre les plus emblématiques de l’architecture gothique européenne. Dominant la plaine d’Alsace de ses 142 mètres de haut, elle fut l’édifice le plus élevé du monde chrétien pendant plus de quatre siècles. Érigée dans un grès rose des Vosges aux reflets changeants, elle est un concentré de puissance verticale, de finesse sculpturale et d’inventivité technique. Son unique flèche asymétrique, son horloge astronomique et sa façade sculptée comme un “livre de pierre” en font un monument vivant, au croisement des cultures française et germanique.
Dimensions et architecture
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Hauteur totale : 142 mètres (flèche)
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Longueur intérieure : 112 mètres
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Largeur de la nef : 16 mètres
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Hauteur sous voûte : 32 mètres (nef) et 31 mètres (choeur)
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Diamètre de la rosace occidentale : 13 mètres
Édifiée sur plusieurs siècles, la cathédrale de Strasbourg mêle style roman (dans la crypte et le soubassement du chœur) et gothique, du primitif au flamboyant rhénan. L’intérieur présente une vaste nef centrale élancée, flanquée de deux collatéraux, s’ouvrant sur un chœur entouré d’un déambulatoire et de chapelles rayonnantes. Sa façade occidentale, tripartite et entièrement sculptée, s’achève au XVe siècle par une seule flèche, élevée sur la tour nord, donnant à l’édifice une silhouette asymétrique saisissante. La tour sud, prévue à l’origine, ne fut jamais construite, probablement pour des raisons financières et techniques.
Histoire de la construction
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1015 : Fondation de la cathédrale romane par l’évêque Werner de Habsbourg
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1176 : Reprise du chantier en style gothique
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1275–1318 : Achèvement de la nef et des premières chapelles latérales
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1399–1439 : Construction de la façade occidentale et de la flèche par Johannes Hültz
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1529 : Strasbourg devient protestante, la cathédrale suit le culte réformé
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1681 : Retour au catholicisme après l’annexion par Louis XIV
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Révolution & guerres mondiales : la cathédrale est protégée, restaurée et devient un symbole d’identité régionale et européenne
Éléments remarquables
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La flèche unique : Culminant à 142 m, elle fut longtemps la plus haute structure de l’Occident. Érigée en grès ajouré, elle incarne l’audace technique du gothique tardif.
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La façade occidentale : Véritable “Bible de pierre”, elle déploie des centaines de statues, scènes bibliques, figures allégoriques et cycles sculptés du Jugement dernier. Un chef-d’œuvre de catéchèse visuelle.
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La nef date du milieu du XIIIᵉ siècle : elle est de style gothique rayonnant, élancée, très lumineuse grâce aux grandes baies, avec des piliers élancés et un décor sculpté sobre mais raffiné.
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Le chœur, commencé dès 1176, appartient encore au gothique primitif : plus sobre et massif, il conserve une structure héritée de la transition romane-gothique, avec une voûte moins élevée et des formes encore assez lourdes par rapport à la nef.
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La rosace : D’un diamètre de 13,6 m, elle irradie la nef d’un feu coloré au fil des heures. Elle mêle symbolique chrétienne et géométrie céleste.
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L’horloge astronomique : Chef-d’œuvre de mécanique (1843), haute de 18 m, elle affiche équinoxes, phases lunaires, fêtes mobiles… et présente chaque jour une procession des apôtres à 12h30.
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Le pilier des anges : Colonne torsadée du XIIIe siècle représentant le Jugement dernier sur plusieurs niveaux, peuplée d’anges, d’archanges et du Christ juge. Un sommet de la sculpture gothique.
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Le grand orgue suspendu : Installé dans une tribune latérale comme un vaisseau, il est orné de monstres marins, musiciens et automates. Construit au XVIIIe siècle, il produit encore des concerts majestueux.
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Les vitraux : Datant en partie du XIIe au XIVe siècle, ils forment l’un des plus vastes ensembles de vitraux médiévaux conservés en France.
Restauration et conservation
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Depuis 1944, la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame assure l’entretien de la cathédrale.
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Restauration majeure de la flèche (1999–2004), puis de la coupole romane (2022–2025).
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Les travaux actuels privilégient la conservation préventive, avec des traitements ciblés sur les sculptures, vitraux et couvertures.
Anecdotes et faits historiques
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Une flèche "miraculée" : La flèche de Strasbourg a souvent été comparée à un doigt tendu vers le ciel. Elle résista aux tempêtes, aux guerres et aux siècles sans être jamais démolie ou remplacée, contrairement à d’autres grandes flèches européennes.
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L’homme vert et les démons : Parmi les nombreuses sculptures de la façade, on peut trouver une représentation du "tentateur" caché dans les détails de la rose occidentale. Cette richesse de symboles moraux et spirituels faisait de la façade un véritable livre ouvert pour les fidèles.
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Une statue de la Liberté "locale" : Frédéric Auguste Bartholdi, sculpteur alsacien né à Colmar, s’est inspiré des visages féminins sculptés de la cathédrale pour concevoir le visage de sa célèbre Statue de la Liberté, offerte par la France aux États-Unis.
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Un géant inachevé : La tour sud, jamais construite, a longtemps alimenté les fantasmes. Certains documents du XVe siècle montrent des projets de double flèche, mais ils furent abandonnés pour des raisons techniques et économiques. Résultat : l’asymétrie de la cathédrale est aujourd’hui une caractéristique emblématique.
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Elle échappe aux destructions pendant la Révolution française, notamment grâce à l'intervention de citoyens qui camouflent les statues et les croix.
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Pendant les deux guerres mondiales, la flèche devint un enjeu symbolique : les nazis la considéraient comme un emblème germanique, et les forces alliées la protégèrent malgré les bombardements.
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Le panorama : Depuis la plateforme (accessible après 330 marches), la vue s’étend sur la Forêt-Noire, le Rhin, les Vosges, et parfois jusqu’au Jura.
Un monument vivant
La cathédrale de Strasbourg ne cesse d’évoluer. Des restaurations majeures ont lieu régulièrement, en particulier sur les sculptures extérieures très exposées à la pollution et à l’érosion. Elle accueille chaque année plus de 4 millions de visiteurs, et reste un haut lieu de culte catholique avec des messes quotidiennes, de grands concerts d’orgue et des cérémonies officielles.
Depuis le sommet de sa plateforme (accessible par un escalier de 330 marches), la vue sur Strasbourg, la plaine d’Alsace et la Forêt-Noire est à couper le souffle. De nuit, la cathédrale s’illumine, mettant en valeur les nuances du grès rose et les détails ciselés de la façade.
Majestueuse, mystérieuse et lumineuse, la cathédrale de Strasbourg incarne l’esprit du gothique rhénan dans toute sa splendeur. Elle mêle audace architecturale, ferveur religieuse et richesse artistique. Avec sa flèche unique et son horloge magique, elle est bien plus qu’un monument : elle est le cœur battant d’une ville entre deux cultures, entre deux rives de l’histoire européenne.
![]() La flèche unique culmine à 142 mètres | ![]() Un plan en croix latine avec un transept saillant | ![]() Le portail principal en grès rose des Vosges |
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![]() Une élévation à trois niveaux, typique du gothique rhénan | ![]() Arcs-boutants, tour-lanterne et toiture en cuivre | ![]() L'horloge astronomique haute de 18 mètres |
![]() Le grand orgue suspendu (XVIIIe siècle) | ![]() La nef, de style gothique rayonnant |