
Notre-Dame de Paris
"Le coeur de pierre de la capitale"
Présentation générale
La cathédrale Notre-Dame de Paris, située sur l’île de la Cité au cœur de la capitale française, est l’un des édifices gothiques les plus emblématiques du monde. Monument national par excellence, elle incarne près de neuf siècles d’histoire religieuse, politique, artistique et culturelle. Plus qu’un simple lieu de culte, elle est un témoin actif de l’évolution de la société française, ayant vu défiler rois, empereurs, révolutions, guerres et renaissances. Sa construction, entamée en 1163 sous l’impulsion de l’évêque Maurice de Sully, s’est étalée sur près de deux siècles. Cette durée a permis l’expression de différentes phases du style gothique : du gothique primitif au gothique rayonnant et flamboyant. Avec ses arcs-boutants audacieux, ses deux tours massives, ses trois portails sculptés, ses rosaces spectaculaires, et ses voûtes majestueuses, Notre-Dame de Paris est l’une des plus pures expressions de l’architecture gothique française. Sa silhouette est universellement connue et son influence dépasse les frontières : c’est un symbole universel de résilience, de foi et d’héritage culturel.
Dimensions et architecture
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Longueur totale : 128 mètres
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Largeur au transept : 48 mètres
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Hauteur sous voûte de la nef : 33 mètres
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Longueur de la nef : 60 mètres
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Largeur de la nef : 48 mètres
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Hauteur des tours : 69 mètres
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Hauteur de la flèche : 93 mètres
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Style architectural : Gothique primitif et rayonnant, avec des éléments de gothique flamboyant
L’architecture de Notre-Dame de Paris témoigne de l’évolution progressive du style gothique. Le chœur et la nef, construits au XIIe siècle, relèvent du gothique primitif, tandis que les rosaces, les chapelles latérales et la statuaire montrent l’influence du gothique rayonnant et flamboyant. La façade occidentale, avec ses portails en tiers-point, ses tympans richement décorés, et sa galerie des rois, forme une véritable leçon de théologie visuelle. Les arcs-boutants du XIIIe siècle, innovation majeure de l’époque, ont permis d’atteindre des hauteurs inégalées en allégeant les murs et en libérant de vastes espaces vitrés. Les grandes rosaces et les voûtes croisées d’ogives complètent cette prouesse architecturale unique. La cathédrale suit un plan basilical à cinq vaisseaux, avec une nef centrale, large et élevée, flanquée de deux collatéraux de chaque côté.
Histoire de la construction
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1163 : Pose de la première pierre par l’évêque Maurice de Sully en présence du roi Louis VII
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Vers 1180-1225 : Construction du chœur et de la nef
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Début XIIIe siècle : Construction du transept, des portails, des premières tours
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XIIIe siècle : Ajout des arcs-boutants, de la rosace nord et sud
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XIVe-XVe siècles : Réaménagement des chapelles, ajout de décor flamboyant
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XVIIIe siècle : Dégradations durant la Révolution (décapitation des rois, pillages)
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XIXe siècle : Grande restauration dirigée par Viollet-le-Duc, ajout d'une nouvelle flèche et des chimères
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2019 : Incendie majeur détruisant la charpente (« la forêt ») et la flèche
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2021-2024 : Reconstruction fidèle avec des matériaux traditionnels
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7 décembre 2024 : Réouverture au public
Éléments remarquables
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La façade occidentale est sans doute l’un des aspects les plus iconiques de la cathédrale. Élevée entre les XIIe et XIIIe siècles, elle est structurée autour de trois portails sculptés richement décorés :
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Le portail du Jugement dernier, au centre, illustre la résurrection des morts, le tri des âmes et le Christ juge. Il offre une véritable leçon de théologie médiévale, où chaque figure a une fonction pédagogique.
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Le portail de la Vierge, à gauche, raconte la vie de la Vierge Marie et son couronnement au ciel.
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Le portail Sainte-Anne, à droite, présente des scènes de la vie de sainte Anne, mère de la Vierge, mais aussi des représentations de la Vierge et de l’Enfant Jésus.
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Au-dessus, la galerie des rois expose 28 statues représentant les rois de Juda, ancêtres du Christ. Détruites pendant la Révolution française, ces figures furent remplacées au XIXe siècle lors de la restauration dirigée par Viollet-le-Duc. Beaucoup de visiteurs les confondent encore aujourd’hui avec les rois de France.
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La flèche de Notre-Dame, initialement construite au XIIIᵉ siècle puis démontée au XVIIIᵉ siècle, fut reconstruite par Viollet‑le‑Duc au XIXᵉ siècle. Haute de 93 mètres et ornée des 12 apôtres, elle s’élève à la croisée du transept, relativement discret, qui forme le cœur de l’édifice. Effondrée lors de l’incendie de 2019, sa reconstruction fidèle à l’original est désormais achevée, redonnant à la cathédrale son éclat et son élévation vers le ciel.
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Les tours : hautes de 69 mètres, elles furent achevées vers 1250. Elles offrent une vue spectaculaire sur Paris et abritent les cloches de la cathédrale, dont la plus célèbre est le bourdon Emmanuel, fondu en 1686, qui pèse plus de 13 tonnes. La montée des 387 marches pour accéder au sommet est une expérience inoubliable pour les visiteurs.
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C’est également à cet endroit que se trouvent les célèbres gargouilles et chimères, créatures fantastiques devenues l’un des symboles emblématiques de Notre-Dame. Mais contrairement à une idée reçue, les chimères, comme le stryx ou le célèbre Stryge accoudé, sont des ajouts du XIXe siècle, créés par Viollet-le-Duc dans une démarche néo-gothique romantique. Les gargouilles, en revanche, datent de l’époque médiévale et servaient d’évacuation des eaux de pluie, protégeant les murs de l’érosion.
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La rosace sud : Véritable joyau du gothique rayonnant, la rosace sud, achevée en 1260, mesure près de 13 mètres de diamètre et comprend près de 80 panneaux illustrant des figures bibliques, notamment des prophètes, apôtres, saints et anges. Elle est encadrée par quatre lancettes représentant les évangélistes. Contrairement à de nombreuses autres rosaces européennes, celle-ci a conservé une grande partie de son verre d’origine, malgré les restaurations successives. Avec la rosace nord (également impressionnante), elle contribue à la splendeur lumineuse du transept et constitue l’un des témoignages les plus précieux du savoir-faire des maîtres verriers médiévaux.
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La nef s’étend sur dix travées et mesure 60 mètres de long, avec une hauteur sous voûte de 33 mètres et une largeur totale d’environ 48 mètres. C’est l’un des espaces intérieurs les plus impressionnants de l’architecture gothique française.
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Le chœur et le déambulatoire : Le chœur, entouré de stalles en bois richement sculptées, est le cœur liturgique de la cathédrale, avec un exceptionnel ensemble de clôtures sculptées en pierre du XIVe siècle. Ces reliefs narrent la vie du Christ avec une expressivité et un réalisme saisissants, typiques du gothique flamboyant.
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Le maître-autel a été reconstruit au XIXe siècle, intégrant des éléments anciens. À proximité se trouve également la statue de la Vierge à l’Enfant, dite « Notre-Dame de Paris », objet de grande vénération.
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La crypte archéologique : Située sous le parvis, la Crypte archéologique de l’île de la Cité expose les vestiges gallo-romains et médiévaux découverts lors de fouilles dans les années 1960. On y voit des éléments d’anciennes rues romaines, d’habitations antiques et de fondations médiévales, retraçant l’évolution urbaine de ce site stratégique depuis plus de 2 000 ans.
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Le grand orgue, l’un des plus célèbres d’Europe, est un monument à lui seul. Doté de près de 8000 tuyaux, il a été modernisé à plusieurs reprises. L’instrument actuel, issu de nombreuses restaurations, est un chef-d’œuvre de puissance et de finesse. Il possède 5 claviers manuels et un pédalier, permettant un large répertoire musical.
Restauration et conservation
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Dégradations sous la Révolution.
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C’est le roman "Notre-Dame de Paris" de Victor Hugo (1831) qui joue un rôle crucial dans sa réhabilitation. Une restauration monumentale est lancée, confiée à Eugène Viollet-le-Duc, qui restaure la statuaire, les portails, et conçoit une nouvelle flèche, disparue en 2019.
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L'incendie du 15 avril 2019 détruit la charpente en bois et la flèche. La voûte est partiellement effondrée. La reconstruction, entamée en 2021, mobilise charpentiers, tailleurs de pierre, maîtres verriers et couvreurs pour redonner à Notre-Dame son apparence antérieure, en respectant les techniques et matériaux anciens.
Anecdotes et faits insolites
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La flèche de Viollet-le-Duc : conçue au XIXe siècle, elle n’est pas médiévale, mais s’est fondue dans l’imaginaire collectif.
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Point zéro des routes de France : une dalle devant la cathédrale marque le point de départ symbolique de toutes les routes françaises.
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La couronne d’épines : Précieuse relique chrétienne conservée à Notre-Dame, sauvée pde l’incendie.
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Les chimères : elles ne servent à rien d’autre qu’à décorer et symboliser la spiritualité médiévale.
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Le coq de la flèche : une capsule temporelle céleste. Au sommet de la flèche conçue par Viollet-le-Duc, un coq en cuivre renfermait trois reliques : une parcelle de la couronne d’épines, une médaille de saint Denis et une de sainte Geneviève. Ces objets avaient pour vocation de protéger les Parisiens. Lors de l’incendie de 2019, le coq a été retrouvé endommagé, mais miraculeusement intact.
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Le bourdon Emmanuel : la "voix" de la nation. Situé dans la tour sud, le bourdon Emmanuel pèse plus de 13 tonnes. Il sonne lors d’événements majeurs : funérailles nationales, élection papale, ou encore la Libération de Paris en 1944. Sa sonorité profonde est un symbole pour tous les Français.
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Une cathédrale... sans croix ni autel pendant la Révolution. En 1793, Notre-Dame est profanée par les révolutionnaires. Elle devient un "Temple de la Raison", puis un entrepôt de stockage. Une grande partie de la statuaire est décapitée. Ce n’est qu’au XIXe siècle, avec Viollet-le-Duc, qu’elle retrouve sa vocation religieuse.
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Les statues des rois... décapitées à tort. La galerie des rois sur la façade ouest représente les 28 rois de Juda, ancêtres du Christ. Mais les révolutionnaires les ont prises pour des rois de France et les ont décapitées. Les têtes ont été retrouvées en 1977, enterrées dans une cour d’immeuble du IXe arrondissement. Elles sont aujourd’hui exposées au musée de Cluny.
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Le rôle de Napoléon Ier. Napoléon Bonaparte a été sacré empereur dans la cathédrale en 1804. Il y fit installer un mobilier spécifique pour l’événement. Fait célèbre : il se couronna lui-même, devant le pape Pie VII.
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Les animaux cachés de la façade : de nombreuses figures animales ornent les portails de Notre-Dame : lions, serpents, singes, hiboux. Ces créatures ne sont pas seulement décoratives : elles illustrent des allégories médiévales, des vices et des vertus, mais aussi les dangers de l’enfer.
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Des abeilles sur le toit : depuis 2013, trois ruches sont installées sur le toit de la sacristie, non loin de la cathédrale. Les abeilles parisiennes produisent un miel réputé, car la ville regorge de fleurs variées dans ses jardins.
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Une silhouette de Dark Vador ? Une chimère moderne, aurait été sculptée dans les années 1980 sur une galerie haute. C’est en réalité une sculpture d’un démon moderne, créée par un tailleur de pierre facétieux. Elle est visible uniquement avec de bons jumelles depuis les tours.
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Pendant des travaux au Panthéon, le célèbre pendule de Foucault, démontrant la rotation de la Terre, a été temporairement installé dans la nef de Notre-Dame au XIXe siècle.
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Le trésor méconnu : outre la couronne d’épines, Notre-Dame abrite également une relique du bois de la croix du Christ et un clou de la Passion. Ces objets ne sont visibles que lors de grandes célébrations liturgiques.
Notre-Dame de Paris n’est pas seulement un chef-d’œuvre de l’architecture gothique, c’est aussi un monument vivant, un témoin de l’histoire de la France et un point d’ancrage de la mémoire collective. Sa silhouette domine la Seine depuis plus de 850 ans, imposante et familière à la fois. Elle a su traverser les siècles, les conflits, les révolutions et les catastrophes naturelles sans perdre son âme. L’incendie de 2019 a ravivé l’émotion collective, en France comme à l’international, révélant l’attachement profond que l’humanité entretient avec ce lieu unique. La réouverture de la cathédrale en décembre 2024 symbolise bien plus qu’un simple retour à la visite : c'est un acte de renaissance patrimoniale, spirituelle et artistique. Notre-Dame de Paris est et restera un phare de civilisation, un témoin inaltérable de la grandeur humaine, au croisement du sacré, du génie architectural et de la foi.
![]() La façade occidentale des XIIe et XIIIe siècle | ![]() La nef restaurée et sa lumière exceptionnelle | ![]() Le portail du Jugement dernier sur la façade occidentale |
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![]() Notre-Dame domine la Seine depuis plus de 800 ans | ![]() Le Stryge, chimère néo-gothique | ![]() Une silhouette mondialement connue |
![]() La rosace ouest et les Rois de Juda | ![]() Le baptistère conçu par l'artiste Guillaume Bardet | ![]() La rosace sud et ses 13 mètres de diamètre |
![]() Une élévation à trois niveaux | ![]() Le démon accroupi (XIXe siècle) |