
Dôme d'Orvieto
"La majesté du gothique italien entre ciel et tuf"
Présentation générale
La cathédrale Santa Maria Assunta d’Orvieto est l’un des plus brillants exemples du gothique italien. Édifiée à flanc de falaise sur un plateau de tuf volcanique dans la région d’Ombrie, elle domine la ville comme un joyau monumental. Elle combine élégamment le gothique français importé et les spécificités décoratives propres à l’Italie centrale, notamment dans sa façade d’une richesse exceptionnelle.
Dimensions et architecture
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Longueur : 90 mètres
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Largeur : 33 mètres
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Hauteur de la nef : 32 mètres
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Façade : 40 mètres de large, ornée de mosaïques et de sculptures
L'édifice est construit selon un plan basilical à trois nefs, avec un transept peu saillant et un chœur rectangulaire. Le contraste des bandes alternées de basalte noir et de travertin clair donne au monument une élégance zébrée typiquement italienne. L’ensemble repose sur des fondations complexes qui suivent la nature irrégulière du plateau rocheux.
Histoire de la construction
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1290 : Commande de la cathédrale par le pape Nicolas IV et début de la construction.
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1309-1330 : Façade et nef confiées à Lorenzo Maitani, qui en fait un chef-d’œuvre de sculpture gothique.
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XVe–XVIe siècles : Interventions successives pour les chapelles latérales, les fresques et les décors intérieurs.
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1590 : Achèvement global.
Le chantier s'étala sur plus de trois siècles. Les plans, d’abord marqués par l’influence française, évoluèrent progressivement vers une lecture plus décorative du gothique, influencée par l’iconographie byzantine et le raffinement narratif de la peinture siennoise.
Éléments remarquables
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La façade gothique ornée de mosaïques dorées, de bas-reliefs narratifs, de sculptures monumentales et d’une rosace centrale, illustrant la Genèse, le Jugement dernier et les évangiles.
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Les sculptures en bronze de la façade représentant les symboles des quatre Évangélistes (ange, lion, bœuf et aigle) datées du début du XIVᵉ siècle (atelier Lorenzo Maitani).
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La nef, large et lumineuse, est rythmée par de puissantes colonnes alternant basalte noir et travertin clair, créant un effet rayé caractéristique. Ses hautes voûtes en berceau brisé et ses vastes arcades donnent une impression d’élévation et de profondeur. La décoration sobre contraste avec la richesse sculptée de la façade, mettant en valeur la solennité de l’espace intérieur.
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Le chœur présente une abside polygonale de style gothique, rythmée par des bandes bichromes de basalte et travertin. La voûte d’ogives, richement polychromée, repose sur de hauts piliers fasciculés tandis que les parois sont ornées de fresques du XIVe siècle.
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La Chapelle San Brizio : Elle abrite d'exceptionnelles fresques de Luca Signorelli sur l’Apocalypse et la Résurrection, considérées comme des chefs-d’œuvre de la Renaissance et qui furent très influentes pour Michel-Ange.
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La grande rosace de la façade, réalisée en 1330 attribuée à Orcagna, est un chef-d'œuvre de l’art gothique italien. Elle se distingue par son vitrail rayonnant et ses détails ciselés dans la pierre, représentant les symboles des évangélistes. Contrairement aux rosaces françaises, celle-ci est plus sculpturale et picturale, s’insérant comme un joyau au cœur de la façade.
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Le sol en majolique et pierre polychrome : le pavement intérieur est constitué d’un décor géométrique raffiné, combinant pierre noire, blanche et rouge, et carreaux de majolique.
Restauration et conservation
L’édifice a fait l’objet de restaurations régulières depuis le XIXe siècle, en particulier sur la façade très exposée. Les mosaïques sont régulièrement consolidées et restaurées pour maintenir leur éclat. De nombreux éléments, comme les sculptures de Maitani, sont aujourd’hui protégés dans le musée adjacent.
Anecdotes et faits insolites
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Un miracle eucharistique : La construction aurait été motivée par un miracle eucharistique survenu en 1263 à Bolsena, où une hostie se serait mise à saigner. Ce prodige entraîna la création de la fête du Corpus Domini en 1264 par le pape Urbain IV, qui ordonna peu après l’édification de la cathédrale.
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Le pape Urbain IV : Il séjourna à Orvieto et aurait assisté personnellement à l’avancée des travaux.
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Un chantier construit pour abriter… un corporal : Le véritable "cœur" du projet de la cathédrale était une simple nappe d'autel tachée de sang : le corporal du miracle de Bolsena. Ce linge sacré, aujourd’hui conservé dans la cathédrale, a justifié la construction de tout l’édifice, preuve du lien étroit entre foi et architecture au Moyen Âge.
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Une façade jamais complètement terminée : Bien que la façade soit mondialement admirée, elle n’a jamais été achevée selon les plans initiaux. Certains éléments sculptés ou architecturaux prévus (notamment des niches et pinacles) n’ont jamais été réalisés. Ce déséquilibre subtil participe d’ailleurs à son charme.
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Avant que Signorelli ne réalise les fresques monumentales de la chapelle San Brizio, Fra Angelico avait été sollicité pour en commencer une partie. Appelé à Rome, il dut quitter le chantier avant d'en achever l'ensemble. Il a néanmoins peint deux voiles de la voûte (anges musiciens et juges) avant que Signorelli ne reprenne le chantier.
Spiritualité et vie religieuse
La cathédrale accueille encore aujourd’hui des pèlerinages liés au miracle eucharistique, notamment lors de la Fête-Dieu. Elle reste le cœur religieux de la ville d’Orvieto, avec des messes régulières et de grands concerts spirituels.
La cathédrale d’Orvieto allie raffinement, mystère et symbolisme. Sa façade resplendissante et son décor intérieur en font un sommet du gothique italien, où s’expriment à la fois la ferveur religieuse et le génie artistique de la péninsule.
![]() La façade : gothique italien à marbres polychromes | ![]() La nef et ses colonnes en basalte noir et travertin clair | ![]() Plan basilical à trois nefs et transept peu saillant |
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![]() La Chapelle San Brizio : fresques de Luca Signorelli | ![]() Le chœur à voûtes quadripartites et fresques du XIVe siècle | ![]() Le lion ailé représentant Saint-Marc (façade ouest) |
![]() La grande rosace occidentale de 1330 |