Saint-Etienne de Toul
"Lumière de Lorraine : la splendeur gothique de Saint-Étienne"

Présentation générale

La cathédrale Saint-Étienne de Toul, commencée au début du XIIIe siècle, est l’un des chefs-d’œuvre du gothique lorrain. Édifiée sur les vestiges d’un sanctuaire antérieur, elle s’impose comme le symbole spirituel et architectural de la ville épiscopale. D’abord siège d’un des plus anciens évêchés de Gaule, Toul fut pendant des siècles un centre religieux majeur du Saint-Empire romain germanique. Dédiée à saint Étienne, premier martyr du christianisme, la cathédrale incarne à la fois la rigueur germanique et l’élégance française. Sa silhouette à deux tours, visible de loin, domine la vieille ville et témoigne de la puissance de l’Église lorraine au Moyen Âge.

Dimensions et architecture

Longueur totale : environ 100 mètres
Largeur de la façade : 40 mètres
Hauteur sous voûte : 30 mètres
Hauteur des tours : 62 mètres
Longueur du transept : environ 56 mètres

La cathédrale suit un plan basilical à transept saillant, avec déambulatoire et chapelles rayonnantes. L’élévation tripartite de la nef (grandes arcades, triforium, fenêtres hautes) s’inscrit pleinement dans la tradition du gothique classique. À l’intérieur, la verticalité des volumes est accentuée par de puissants piliers fasciculés et des voûtes d’ogives harmonieuses.
La façade occidentale, véritable dentelle de pierre du XVe siècle, est un chef-d’œuvre du gothique flamboyant : deux tours massives encadrent une rosace centrale et trois portails richement sculptés.
À proximité, le cloître gothique — l’un des plus vastes de France — forme un ensemble exceptionnel par la finesse de ses voûtes et la sérénité de son architecture.

Histoire de la construction

1221 : Début de la construction du chœur dans le style gothique primitif.
XIIIe siècle : Édification du transept et des premières travées de la nef.
XIVe siècle : Construction du cloître et poursuite des voûtes de la nef.
XVe siècle : Achèvement de la façade occidentale et des tours dans le style flamboyant.
XVIIe–XVIIIe siècles : Réaménagements intérieurs et ajout de mobilier baroque.
XIXe siècle : Restaurations après les destructions révolutionnaires.
XXe siècle : Importants travaux de restauration après les bombardements de 1940 et 1944.

Éléments remarquables

La façade occidentale : Splendide composition du gothique flamboyant, elle s’impose par son équilibre monumental et la finesse de son décor sculpté. Encadrée de deux tours élancées, elle est ornée de pinacles, de gâbles ajourés et d’une grande rosace centrale dont les vitraux diffusent une lumière chatoyante à l’intérieur. L’ensemble témoigne de la virtuosité des maîtres-maçons lorrains à la fin du Moyen Âge.
Les verrières du chœur, datées du XIIIe siècle, figurent parmi les plus anciennes de Lorraine. Leur programme iconographique illustre la vie du Christ et celle de saint Étienne, premier martyr, patron de la cathédrale. Leurs couleurs profondes et leurs compositions narratives en font un témoignage exceptionnel de l’art du vitrail primitif.
La nef, édifiée au XIIIᵉ siècle dans le style gothique rayonnant, se distingue par son élévation tripartite classique : grandes arcades, triforium ajouré et fenêtres hautes. Les voûtes en croisée d’ogives reposent sur des piliers fasciculés qui rythment l’espace avec régularité, tandis que la lumière naturelle, filtrée par les baies vitrées, souligne la verticalité et la clarté de l’architecture.
D’une ampleur exceptionnelle, le cloître, développé au XIVe siècle, s’étend sur plus de cinquante mètres de côté. Ses galeries voûtées d’ogives, d’une élégance sobre, s’ouvrent sur un jardin intérieur autrefois réservé aux chanoines. Ce lieu de silence et de prière demeure l’un des plus beaux ensembles monastiques de la région.
Le tympan du portail principal représente le Couronnement de la Vierge, entourée des anges, des apôtres et des prophètes de l’Ancien Testament. Les statues-colonnes, aux drapés souples et expressifs, témoignent du raffinement de la sculpture gothique tardive et de la ferveur spirituelle qui animait les ateliers de la cathédrale.
Le grand orgue, construit par Curt Schwenkedel en 1963, offre une sonorité ample et expressive, adaptée tant au répertoire baroque qu’à la musique contemporaine, et accompagne les grandes célébrations dans un écrin acoustique remarquable.

Restauration et conservation

Classée Monument historique dès 1840, la cathédrale Saint-Étienne a fait l’objet de nombreuses campagnes de restauration. Au XIXe siècle, la façade et les voûtes furent consolidées. Après les destructions des deux guerres mondiales, de vastes travaux ont concerné le chevet, la toiture et les vitraux.
Les restaurations les plus récentes, menées au XXIe siècle, ont porté sur la pierre calcaire et les sculptures de la façade, particulièrement sensibles aux intempéries. Des efforts constants assurent aujourd’hui la conservation du cloître et la valorisation du patrimoine verrier.

Anecdotes et faits historiques

Un évêché prestigieux : Toul fut pendant plus de mille ans l’un des trois évêchés lorrains avec Metz et Verdun.
Une influence transfrontalière : L’architecture du chœur a inspiré plusieurs églises du Saint-Empire, notamment celles de Trèves et de Spire.
Des guerres et des renaissances : Dévastée lors des guerres de Religion puis durant la Seconde Guerre mondiale, la cathédrale a toujours été relevée grâce à la ferveur des habitants.
Un refuge historique : Le cloître servit d’abri à la population pendant la guerre de 1870.
Une légende locale : On raconte qu’un vitrail du XIIIe siècle aurait miraculeusement résisté à un bombardement, symbole de la protection divine du sanctuaire.

La cathédrale Saint-Étienne de Toul séduit par sa majestueuse façade flamboyante, son vaste cloître et l’harmonie de son architecture gothique. À la croisée des influences françaises et germaniques, elle illustre la richesse artistique de la Lorraine médiévale. Par sa conservation exemplaire et son aura spirituelle intacte, elle demeure l’un des plus beaux témoignages du patrimoine religieux du Grand Est.