
Cathédrale de Roskilde
"Là où les rois reposent, sous la brique rouge du Danemark"
Présentation générale
Située dans la ville historique de Roskilde, à l’ouest de Copenhague, la cathédrale de Roskilde (Roskilde Domkirke) est l’un des plus anciens et des plus importants monuments religieux du Danemark. Elle fut la première cathédrale gothique construite en brique en Scandinavie, ce qui marqua un tournant architectural majeur dans la région. Depuis le Moyen Âge, elle joue un rôle central dans l’histoire religieuse et politique danoise, servant de nécropole royale depuis le XVe siècle. Lieu de mémoire, de culte et d’art, elle symbolise à la fois l’unité de la monarchie danoise et la continuité du christianisme luthérien.
Dimensions et architecture
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Longueur : environ 86 mètres
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Largeur : environ 27 mètres
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Hauteur des tours occidentales : 75 mètres
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Hauteur sous voûte de la nef : 21 mètres
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Largeur de la nef centrale : 14 mètres
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Longueur du transept : 38 mètres
Le plan de la cathédrale suit un schéma basilical à trois nefs avec transept, chœur et déambulatoire. Bâtie majoritairement en brique rouge, matériau nouveau dans l’architecture religieuse scandinave au XIIe siècle, elle illustre le passage du style roman au gothique. L'édifice s’est enrichi au fil des siècles d’une série de chapelles royales de styles variés (gothique, Renaissance, baroque, néoclassique, moderniste), créant une synthèse architecturale unique en Europe du Nord. Les tours occidentales, massives et symétriques, surmontent la façade et dominent le paysage de Roskilde. À l’intérieur, l’espace est vaste, clair et marqué par une verticalité simple et solennelle, typique du gothique en brique.
Histoire de la construction
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Vers 980 : Le roi Harald à la Dent bleue fonde une première église en bois à Roskilde.
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Vers 1080 : Cette église est remplacée par un édifice roman en pierre.
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Vers 1170 : L’évêque Absalon lance la construction de la cathédrale actuelle, inspirée du gothique français et réalisée en brique.
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XIIIe siècle : Achèvement des grandes parties gothiques (nef, chœur, transept).
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XVe siècle : La cathédrale devient la nécropole royale officielle du Danemark.
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1536 : Réforme luthérienne : la cathédrale passe au culte protestant.
Éléments remarquables
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La façade ouest se distingue par ses deux tours élancées en brique rouge, typiques du gothique nordique, qui encadrent l’entrée principale. Sobriété et verticalité se combinent pour mettre en valeur l’architecture médiévale, reflet des évolutions de l’édifice du XIIᵉ au XIIIᵉ siècle.
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La nef de la cathédrale, en briques rouges gothiques, est large et lumineuse, portée par de hauts piliers massifs en brique enduite. Les voûtes d’ogives, introduites dès le XIIIᵉ siècle, sont décorées de peintures murales médiévales représentant motifs végétaux, scènes bibliques et figures de saints. La verticalité y est moins extrême que dans le gothique français, mais l’espace conserve une solennité sobre, typique du gothique de brique scandinave.
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Nécropole royale : 40 rois et reines danois y sont enterrés, de Marguerite Ire à Christian X. Les chapelles funéraires varient du gothique flamboyant au modernisme sobre.
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La chapelle de Christian IV : Édifiée au XVIIe siècle, exemple typique du style Renaissance danois, richement décorée.
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La chapelle Christian Ier, construite à la fin du XVe siècle dans le style gothique tardif, abrite le tombeau de Christian Ier et ceux d’autres membres de la famille royale danoise. Elle se distingue par ses voûtes en croisée d’ogives, ses arcs sculptés et ses éléments funéraires décoratifs, formant un ensemble somptueux dédié aux souverains de la dynastie Oldenbourg.
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Le retable d’Anvers : Chef-d’œuvre flamand sculpté vers 1560, réalisé à Anvers, représentant des scènes de la Passion.
Restauration et conservation
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Après la Réforme, la cathédrale a été négligée, mais Christian IV a lancé une restauration majeure au XVIIe siècle, ajoutant les flèches et modifiant le toit.
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Elle a subi une restauration complète au XIXe siècle, et des travaux récents ont été réalisés entre 2006 et 2009 pour le toit et les flèches
Rôle religieux et symbolique
La cathédrale est un centre spirituel majeur de l’Église évangélique-luthérienne danoise. Elle incarne la continuité dynastique et religieuse du royaume depuis plus de huit siècles. Les funérailles royales y sont encore célébrées, et la cathédrale demeure un symbole fort de la monarchie constitutionnelle danoise. Elle est aussi un lieu vivant de liturgie, d’art sacré, d’histoire nationale et d’éducation spirituelle. Chaque élément, du sol aux voûtes, rappelle les grandes étapes de la monarchie chrétienne danoise.
Anecdotes et faits insolites
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Le tombeau présumé de Harald à la Dent bleue, fondateur du royaume chrétien danois, pourrait se trouver dans la cathédrale, bien qu’aucune preuve n’ait été formellement trouvée.
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En 1658, la ville de Roskilde et la cathédrale furent les témoins de la signature du traité de Roskilde, marquant la perte de vastes territoires au profit de la Suède.
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Le roi Christian X, enterré à Roskilde, est connu pour avoir défié les nazis en arborant l’étoile jaune à Copenhague et sa tombe attire de nombreux visiteurs.
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Dans la chapelle Christian Ier, une colonne indique la taille de plusieurs souverains européens. Le plus grand ? Christian Ier avec 219,5 cm !
Rayonnement et patrimoine
La cathédrale de Roskilde n’est pas seulement un chef-d’œuvre gothique : elle est une mémoire nationale en briques. Elle attire chaque année des centaines de milliers de visiteurs, curieux d’explorer l’histoire monarchique danoise et d’admirer une architecture évolutive exceptionnelle. Son inscription à l’UNESCO en 1995 repose sur sa valeur universelle exceptionnelle en tant que témoin du passage de la pierre à la brique dans l’architecture religieuse, et comme symbole de la monarchie danoise.
La cathédrale de Roskilde demeure un phare de l’histoire danoise, où les rois reposent dans la brique, et où chaque génération ajoute une pierre à l’édifice national. Elle incarne la mémoire vivante d’une monarchie millénaire et l’évolution continue d’un patrimoine spirituel. De ses fondations romanes à ses chapelles modernes, elle raconte l’histoire d’un pays, de ses souverains, de ses croyances et de son art. Plus qu’un lieu de sépulture, Roskilde est une cathédrale-nation, un témoignage de fidélité à la tradition et d’ouverture à l’avenir.
![]() La façade ouest et ses tours en brique rouge | ![]() La cathédrale et son schéma basilical | ![]() Tombeaux royaux dans le choeur |
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![]() Le choeur du XIIIe siècle | ![]() La chapelle de Christian 1er (XVe siècle) | ![]() Le retable d'Anvers (XVIe siècle) |
![]() La nef et ses voûtes d'ogive du XIIIe siècle | ![]() Tombeau de la Reine Margaret 1re |